Vous vous apprêtez à rédiger le plan financier inscrit dans votre plan d’affaires ? Ce n’est pas une mince affaire. En effet, le plan financier a pour fonction d’évaluer la viabilité financière de votre projet d’entreprise. Sacrée mission !

Dans cet article, nous allons détailler le contenu de votre plan financier. Nous vous fournirons également quelques astuces bien utiles pour éviter les pièges les plus courants.

Qu’est-ce qu’un plan financier ?

Le plan financier, intégré dans le business plan, est une analyse prévisionnelle détaillée des aspects financiers de votre projet d’entreprise. Il inclut les prévisions de revenus, les coûts, les investissements et les flux de trésorerie projetés.

Ce volet financier de votre business plan offre une vision claire et quantifiable des performances financières attendues. Il vous servira de guide pour bien gérer vos ressources et prendre les meilleures décisions afin d’atteindre vos objectifs commerciaux.

Pourquoi faire un plan financier ?

En Belgique, la création d’un plan financier est une obligation légale pour les entrepreneurs qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise.

Pourtant, le plan financier est souvent la partie la plus négligée (et souvent la moins appréciée) des porteurs de projets.

Pourquoi est-il crucial d’y consacrer du temps et du recul ? Tout simplement parce que les projections financières réalistes et précises sont indispensables pour garantir la viabilité de votre entreprise sur le long terme.

La structure du plan financier

Votre document doit au moins considérer les informations financières relatives à/aux :

  1. Ventes
  2. Charges variables
  3. Investissements
  4. Charges fixes
  5. Rémunération du dirigeant
  6. Salaires du personnel
  7. Capital
  8. Crédits bancaires
  9. Emprunts divers.

Nous allons détailler chacun de ces points l’un après l’autre.

1. Les ventes

Les ventes, c’est le cœur de votre boîte. Celui qui ne vend pas ne vit pas. En tous cas, pas longtemps.

Dans l’aspect technique, les types de ventes les plus régulièrement employées sont :

  • Les ventes forfaitaires
  • La vente régie
  • L’abonnement

La vente forfaitaire

La vente forfaitaire, c’est un produit ou service vendu à un tarif défini (par vous, et influencé par le marché).

💡 Deux exemples tout simples :

  1. Vous vendez 2 meubles à 750 € HTVA / pièce ➡ 2 x 750€ = 1.500 €
  2. Vous posez 40m² de parquet à 35 €/m² HTVA -➡ 40m² x 35€ = 1.400 €
  3. Vous faites un devis pour une prestation définie à 3.581,23 €

Le but est d’en vendre le plus possible, au tarif le plus élevé accepté par le marché.

La vente régie

Vous proposez votre service à un taux horaire.

Exemple : vous avez travaillé 6 heures à 50 € de l’heure, vous facturez 300 €.

Le but est de devenir spécialiste pour pouvoir vendre le plus cher possible chaque heure passée. Le problème est que c’est d’office chronophage, le système ne peut pas se passer de vous et du temps que vous y consacrez.

L’abonnement

Le principe le plus en vogue en ce moment.

Les entreprises qui ont un modèle d’abonnements sont souvent les mieux valorisées.

Pourquoi ?

Parce qu’elles ont des revenus récurrents qui leur permettent d’anticiper plus facilement.

En cas de revente, les acheteurs savent qu’ils en auront pour leur argent.

Les paiements sont souvent mensualisés par domiciliation bancaire, ce qui facilite la trésorerie pour le client, qui peut gérer cela plus facilement, et pour vous, qui recevez de l’argent à termes réguliers.

Cela fonctionne même si les abonnés n’utilisent pas leur abonnement (pensez à Basic-Fit, et à votre beau-frère qui ne s’est jamais désabonné alors qu’il y est allé 3 fois en 6 ans…).

Autant dire que l’abonnement est un modèle que nous conseillons sérieusement.

Et l’abonnement à un contenu en particulier, car le contenu existant travaille pour vous, et votre job est d’en créer du nouveau.

Et en comptabilité, ça donne quoi ?

D’un point de vue comptable, toutes les ventes classiques viennent en classe 70, en positif dans le compte de résultat comptable. Elles sont prises en compte à la date de la facture émise (et non à la date du paiement).

C’est ce qui est la base de taxation. Tous les frais suivants sont à déduire de ce montant des ventes. D’où le fait qu’on parle de frais déductibles.

2. Les charges variables

Les charges variables, ce sont toutes les charges qui varient si on fait une vente.

En d’autres termes, ce sont tous les frais qui composent votre produit ou service.

En règle générale, s’il n’y a pas de vente, il n’y a pas de charges variables.

S’il y a beaucoup de ventes, il y a beaucoup de charges variables.

Un exemple tout simple

L’un de nos clients, la friterie Chez Gus à Thulin (excellentissimes burgers 🍔, on vous les recommande !).

Pour calculer les charges variables, on compte tout ce qu’il a dépensé car il a vendu : les ingrédients de ses burgers (dont un steak Angus de 200 grammes… Oui, là, nous aussi on a faim), les huiles, les sauces, les fournitures, les serviettes, les boîtes en carton, …

On peut même compter le gaz et l’électricité que cela lui a demandé pour chauffer la nourriture.

À cela s’ajoute le pourcentage qu’il donne à la plateforme Deliveroo et son sous-traitant qui va livrer les clients.

Cela nous donne l’ensemble de ses charges variables. S’il part en vacances pendant une semaine, il n’a pas acheté de steak, d’huile, de sauce, et n’a pas fait appel à son livreur, ni payé la plateforme Deliveroo.

Et en compta, ça donne quoi ?

En comptabilité, les charges variables sont appelées « Marchandises et approvisionnements » et sont en classe 60.

3. Les investissements

Quels sont les investissements nécessaires pour délivrer le produit ou service ?

De base, la règle pour être un investissement, c’est de :

·       Durer plus d’un an dans l’entreprise

·       Avoir un coût supérieur à 250 €.

💡 Des exemples tout simples

✅ Le mobilier de votre salle d’attente est un investissement, car il va rester là plus d’un an et a coûté 850 € au total.

✅ Le brevet que vous avez enregistré pour votre invention

✅ La camionnette de livraison

Mais attention :

❌ Les marchandises que vous avez achetées pour 1.000 € et qui seront vendues l’année prochaine ne sont pas un investissement, c’est du stock à vendre dès que possible.

Et en compta, ça donne quoi ?

Les investissements sont enregistrés en classe 2, à l’actif du bilan.

4. Les charges fixes

Ce sont les coûts de fonctionnement de votre entreprise. Ce sont des frais qui ne changent pas, que vous vendiez un produit ou dix.

💡 Un exemple tout simple

Typiquement, c’est le loyer de votre local, l’électricité et le gaz pour le maintenir chauffé et illuminé, les assurances que vous payez, le consultant qui vient vous donner un conseil, les frais de vos véhicules, les abonnements à de la téléphonie, des programmes informatiques, un club d’affaires, etc.

Et en compta, ça donne quoi ?

En comptabilité, on appelle ces charges les « Services et biens divers » et se classent en 61.

5. La rémunération du dirigeant

Le principal guide et la principale source d’énergie de votre entreprise, c’est vous !

En tant que dirigeant(e), vous devez pouvoir rémunérer. En fonction des résultats, certes, mais vous devrez toujours pouvoir vous payer en premier.

La rémunération du dirigeant est une charge déductible en société (en personne physique, c’est un autre principe).

Calculer ma rémunération

La rémunération du dirigeant est calculée par votre secrétariat social selon le net en poche que vous souhaitez percevoir. La société prendra en charge les cotisations sociales et impôts afférant à votre salaire, tout en prenant en compte le fait que vous bénéficiez d’avantages, comme une voiture ou un téléphone portable.

Et en compta ?

En comptabilité, la rémunération du dirigeant est classée dans le compte 618 (Rémunérations des administrateurs, gérants et associés actifs). C’est une charge classée dans les Services et Biens divers (classe 61). Elle est dite charge fixe, même si dans les faits, le dirigeant peut avoir un bonus variable.

6. Les salaires du personnel

Le poste qui TUE. 🤯

Les salaires sont souvent des postes qui ont des coûts élevés.

À savoir qu’entre le salaire net perçu par le salarié et le coût total pour l’entreprise, il y a un gouffre…

Calculer le salaire du personnel

Au salaire net qui arrive dans la poche de l’employé ou de l’ouvrier, il faut ajouter :

·       Les impôts qui sont précomptés sur sa fiche de salaire pour avoir son salaire brut

·       Les charges qui sont imposées à l’employeur par l’Etat (comme les cotisations patronales, etc.)

·       Les bonus pour faire en sorte que la personne ait un bon cadre de travail (bonus qui sont généralement moins taxés que du salaire, mais limités), comme un téléphone, des chèques-repas, des éco-chèques, une carte carburant, un véhicule, etc.

Un conseil avant d’embaucher

Souvent, quand on ne s’en sort plus tout seul, le réflexe est d’engager.

Il y a pourtant plein d’autres réflexes à avoir en premier. Analyser les heures que l’on passe, voir les tâches qui sont récurrentes, celles qui peuvent être automatisées (par un processus, un programme, un robot,…), simplifiées, ou déléguées à un sous-traitant spécialisé dans le domaine (faire l’administratif, répondre au téléphone, faire certaines prestations, livrer un produit ou service…).

La première question à se poser avant de se dire d’engager est finalement “comment faire pour ne pas engager ?”

Et en compta, ça donne quoi ?

Le salaire du personnel est rattaché au compte 62 (Rémunérations, charges sociales et pensions).

7. Le capital

Un fois qu’on connait les coûts de l’entreprise, on sait qu’on doit la financer.

Le capital est donné par les actionnaires à la société en échange des parts de l’entreprise, et la promesse d’un revenu futur (dividendes ou prise de valeur des parts en vue d’une revente).

Il permet de subvenir aux besoins de trésorerie nécessaires au départ de la société, même si le chiffre d’affaires n’arrive pas assez vite. Cela permet de pallier les éventuels soucis de départ.

Les formes de capital

·       Le capital le plus communément utilisé est sous forme d’argent,

·       Mais il peut être aussi via l’apport d’un bien (apport en nature)

·       Ou une promesse de travail et de compétences (apport en industrie).

Le conseil d’expert

Le plan financier est obligatoirement remis au notaire avant la constitution de la société. Il sert à prouver qu’on a tout fait pour calculer au mieux le capital et les financements nécessaires au lancement de la société dans ses 2 premières années.

Nous vous recommandons néanmoins d’envisager votre stratégie sur 5 ans. Cela vous permettra de vous projeter à plus long terme, cela permet d’anticiper mieux les éventualités et les stratégies à utiliser. Cela n’empêche pas d’avoir des tactiques sur le court terme (1 à 2 ans), mais la stratégie long terme est plus claire sur 5 ans.

Et en compta ?

Le capital vient dans une classe 1, au passif de votre bilan.

Une petite aide mnémotechnique pour retenir ce qui est à l’actif et ce qui est au passif de votre bilan :

  • Ce qui est à l’actif, c’est ce que vous possédez dans votre société,
  • Et ce qui est au passif c’est la manière dont vous l’avez obtenu/financé.

Donc à l’actif, vous allez trouver vos véhicules, immeubles, stock, votre trésorerie (bancaire et cash), les brevets que vous détenez ainsi que vos créances (ce que les clients vous doivent), etc.

Au passif, vous allez trouver votre capital, vos crédits, vos dettes, bref, ce qui a servi à financer votre actif.

8. Les crédits bancaires

La deuxième source de financement après le capital des associés, ce sont les banques.

Le crédit bancaire permet de faire un levier et de disposer tout de suite des moyens nécessaires pour produire ce que vous désirez mettre en vente.

Pourquoi le banquier accepterait votre demande de crédit

Le banquier va se baser sur votre expérience et la manière dont vous avez réalisé votre business plan pour évaluer votre maîtrise du sujet et s’assurer que votre projet tient la route.

Les éléments qui joueront en votre faveur :

  • L’expérience dont vous disposez dans le domaine (ou un domaine proche)
  • Votre connaissance du marché (êtes-vous en mesure de répondre à la demande ?)
  • Vous êtes bien entouré(e) (par des experts, notamment) afin de ne pas être seul(e) en risquant de faire fausse route ou de prendre les mauvaises décisions.

Et en comptabilité ?

D’un point de vue comptable, seul l’intérêt est déductible en tant que frais en classe 650. Le capital est un remboursement de dettes et n’est pas déductible. Il se ventile entre le capital à rembourser échéant dans l’année (classe 42) et le capital échéant à plus d’un an (classe 17)

9. Les emprunts divers

Une autre source de financement, plutôt alternative, consiste à aller emprunter à des personnes et organismes qui ne sont pas des banques.

Généralement, le taux est supérieur à celui d’une banque, car les garanties sont moindres que celles prises par une banque.

Pourquoi emprunter ailleurs qu’aux banques ?

Car il arrive souvent que les banques ne financent qu’un pourcentage d’un achat (immobilier, par exemple), et que le capital et les réserves de l’entreprise ne suffisent pas à combler la différence.

On se tourne alors vers des solutions annexes, comme :

  • La love money : vos proches vous prêtent de l’argent, contre un avantage, un intérêt ou des prix préférentiels quand vous vous serez lancé(e)
  • Les business angels : (non, ce n’est pas un gang de motards) des prêts auprès de privés, contre un intérêt plus conséquent
  • La levée de dettes : même principe qu’une levée de fonds, sauf que le but est de réunir des prêteurs afin de rassembler le montant nécessaire au projet
  • Les invest publics : il existe des investisseurs dont les fonds sont publics, et dont le rôle est d’injecter des fonds afin de booster les petites entreprises. Généralement, ils prêtent le même montant que le capital de la société.
  • Lorsqu’il y a de la recherche derrière un projet, il existe des institutions gouvernementales qui prêtent certaines sommes, et se remboursent avec les premières ventes.
  • En étant créatif, on peut encore en trouver d’autres !

En en compta ?

L’affectation comptable dépend de la date d’échéance de la dette. Dans l’année, on la classera dans le compte 42, Dettes à moins d’un an. Au-delà, on la rangera dans le 17, dette à plus d’un an. Un crédit est par exemple divisé comptablement en 2, la partie échéant dans l’année en 42 et le solde à payer à plus d’un an en 42.

10. Bonus : les subsides

Il existe de l’argent « gratuit », que vous n’aurez pas à rembourser.

Ce sont généralement des subsides gouvernementaux dont vous pouvez bénéficier selon certaines conditions (engager tel nombre de personnes, faire appel à tel spécialiste, être dans tel secteur d’activité, investir dans tel type d’équipement, etc.).

Regardez ce qui peut être collecté grâce à cela, sans tomber dans le piège d’en être trop dépendant, car c’est parfois un système complexe dans lequel on peut vite avoir raté une ligne et ne pas être éligible pour telle ou telle condition à laquelle on n’avait pas fait attention.

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Je suis Benjamin Cuvelier, fondateur de Pro-Pulse. Avec mon équipe, on vous accompagne pour faire de votre projet entrepreneurial une réussite totale.

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